par Philippe Di Meo
Le titre l’annonce, une bonne part de cette livraison est consacrée à Java, après le décès de Jacques Sivan. Un long entretien de Pierre Drogi avec Vannina Maestri où cette dernière retrace avec précision les contours du projet mené à bien par la revue. La même évoque un moi « pluriel hétérogène et indécidable » à l’origine de ces recherches. Une bonne part des contributions ont opté pour le « javanais » : ainsi Vincent Tholomé, Sylvie Geffroy et Brice Bonfanti, Pascale de Trazeignies selon des tonalités diverses mais bien dans le ton « javanais » et selon des intensités variées attestant d’une productivité des hypothèses de départ de la revue. Vannina Maestri donne également un long texte d’une plasticité sinueuse. Comme de juste des inédits de Jacques Sivan sont au centre de ce bel ensemble avec des Modules multipliant les graphies et les couleurs et autres dédales typographiques. Partout à l’œuvre, opère une prestidigitation attachée à faire disparaître le moi pour le faire néanmoins étrangement réapparaître, selon les rythmes d’un lyrisme paradoxal et comme « rentré ». Jean-Pierre Bobillot fournit une interprétation aussi pénétrante que roborative de la parabole de Java. Dans son éditorial, Paul de Brancion affirme pour sa part : « en gros on s’amuse beaucoup mais ce n’est pas drôle ». Un ensemble fouillé sur le pantoum, de Georges Voysset, des poèmes de Dominique Quélen, Vianney Lacombe, composent un riche sommaire. On ne peut malheureusement tout citer. Iconographie inspirée. À lire et à relire.