par Tristan Hordé
Le discours de remerciement n’offre pas toujours un intérêt littéraire. David Bosc, recevant en 2016 à Lausanne le prix Dontan, a organisé son propos à partir du titre de la thèse de Michel Dontan, Humour et création littéraire dans l’œuvre de Franz Kafka. Ce faisant, il aborde ce qu’est pour lui l’activité d’écrivain et apparaissent quelques caractéristiques de Mourir et puis sauter sur son cheval – pour lequel il a obtenu le prix. Il y a en effet du burlesque dans son roman si l’on y fait entrer la drôlerie de celui qui échoue, illustrée par Kafka, Charlot ou Buster Keaton. En outre, il répond aussi à la recherche d’« une littérature qui ne se donne pas pour mission de tirer toute chose au clair » : c’est là un thème qui charpente l’ensemble du discours de David Bosc et explique le titre : la littérature consisterait « à célébrer soukkot, la fête des cabanes », donc à construire « une structure à la fois neuve et archaïque », moyen d’accueillir ce qui toujours étonne et de bâtir un livre à partir d’une association de fragments. Enfin, l’écrivain suit un chemin étroit entre l’« immodestie » à vouloir restituer le réel et l’« outrecuidance » à prétendre inventer une fiction : aussi le fait d’écrire emporte-t-il un certain sentiment d’indignité… David Bosc définit clairement son activité tout en se référant à une tradition (Kafka, mais aussi Dostoïevski, Mandelstam) et à ses contemporains (Quignard, Nicolas Bouvier, Michon).