par Christophe Stolowicki
Dépouillée, ponctuée des seuls blancs de ses laisses et des encres de Motoko Tachikawa – de politesse exquise hésitantes pastilles tachistes, auréoles arachnéennes qui se suspendent – une poésie incisive douce entaille par touches matutinales, sans l’effet de manche d’un rejet ni d’un enjambement, vers à vers le mors saisit le vif à la dentelle. Murmurées matines s’épand une qualité de silence conquise croche à croche. Condensé en une strophe et le distique d’un demi-envoi, son coupé le sonnet résonne, sonne le plein et le délié, diffuse un halo d’ajointement. Dans une aura de mots, leur banlieue solaire, « torve » retors le doute pascalien « instille un paysage debout […] dans l’infrarouge [d’une] vigilance ». Inquiète de « ne pas arriver à la cheville / De ses rêves et de s’en mordre la vie », « de s’être trompée d’écorce ou de cœur », Béatrice Libert détache par plaques son aubier. Bientôt l’intenable haut voltage bascule un vers du cinq à deux en quatre à trois, une consolatrice émollie le sonnet en haïku, de dérobade ascendante. « Pieds nus / Le chemin court / Jusqu’aux sandales du sous-bois ». Le chagrin de mourir s’empaume.