Paul Chaoul : Quand la terre était solide

 
par Jean-Charles Depaule

Une première « révolution » avait eu lieu en Irak au milieu des années 1940, mettant en cause le vers arabe classique. Lié à la revue Al Shi‘r lancée à Beyrouth une décennie plus tard, un deuxième bouleversement libéra davantage encore la prosodie et ouvrit la poésie à la prose. Cette dynamique a été amplifiée – du moins au Moyen-Orient – par des écrivains nés pendant ou juste après la seconde guerre mondiale, attentifs aux expérimentations menées en Occident et ailleurs tout en questionnant la tradition poétique arabe, y compris dans ses reformulations néo-classiques du tournant du xxe siècle.

Le Libanais Paul Chaoul (1942) est à cet égard représentatif de sa génération. Inlassable traducteur de la poésie française contemporaine, il est aussi auteur et critique dramatique. Grâce à la publication de ce premier recueil dans notre langue, il sera enfin possible de mieux apprécier en France son écriture singulière, dans la version établie par Antoine Jockey qu’il convient de saluer.

La tonalité de ces poèmes, qui datent de 1974, 1992, et 2002, presque trente années, est sombre. Il y a quelques éclaircies, la mort n’est jamais loin. Avec le temps la langue de Chaoul se fait moins éruptive, la parole moins prophétique, les images refluent – et la part de la prose croît. Souviens-toi. / Il a éteint la lumière. / Son souffle était plus long que la nuit. Une inquiétante banalité gagne du terrain dans les débris de ce qui va advenir. Et on sent le passage de l’histoire, sa violence.




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et autres poèmes
Traduit de l’arabe par Antoine Jockey
Édition bilingue
Al Manar « Voix Vives de Méditerranée en Méditerranée »
64 p. 12,00 €
couverture