par Létitia Mouze
Michael Heller est un important poète et essayiste américain dont est présentée ici, en traduction française, une sélection de poèmes extraits de différents recueils publiés de 1972 à nos jours. De forme variée et d’une densité exigeante, sa poésie est nourrie des références les plus diverses, non seulement poétiques (Homère, Baudelaire, Whitman – un de ses inspirateurs –, Milosz, Rilke, Celan…), mais également artistiques (cinéastes, peintres, photographes…), et philosophiques (Platon, Montaigne, Pascal, Benjamin…). Il ne s’agit pas seulement d’allusions : la citation ou la quasi-citation forme bien souvent le tissu d’un poème, ou tel fait historique ou politique, telle œuvre, son objet. Cette poésie réflexive et politique est hantée par la Shoah, notamment sous la forme de l’exil des Juifs : post-apocalytpique, elle interroge et explore, à l’aune de la catastrophe, le sens du langage, de la poésie, de la modernité, de l’histoire : « La nuit est désormais tombée sur le monde / et il faut veiller, / penser aux mots urgents ». Par ces thèmes, et aussi parce qu’elle est imbibée de références culturelles, elle se place sous le signe de Benjamin, figure tutélaire explicite de plusieurs poèmes.
Grèges
96 p., 12,00 euros