Dominique Maurizi : La lumière imaginée

 
par Sylvie Durbec

On pourrait dire que tout le livre de Dominique Maurizi est traversé par le désir de nommer la lumière, pour l’avoir enfin devant soi. La citation d’Alejandra Pizarnik choisie pour ouvrir le recueil est une façon de donner au lecteur un sens pour entrer dans l’univers de Dominique Maurizi tout en convoquant une poète majeur comme guide. À la fin du livre, l’auteur citera les voix qui l’ont portée dans l’écriture. Dette reconnue et donnée à voir. Lumières. Une phrase montre la scène autour de laquelle tout le texte va s’articuler : « la nuit était noire, le père invisible, le petit garçon trempé de rosée… ». Tout le livre est parcouru par le mot nuit décliné de diverses manières, tantôt au singulier, tantôt au pluriel, en italiques ou pas. On y entend de nombreuses voix dont celle douloureuse et dure de la mère et celle plus fragile des enfants. Voix qui dialoguent entre douceur et violence, tendues vers on ne sait qui / quoi : « … je voudrais qu’il y ait quelqu’un mais il n’y aura peut-être personne… ». Celle qui écrit sur son clavier la nuit n’est pas pourtant seule, les morts lui parlent, les chiens l’entourent, mais aussi « les êtres en vie… ». Comme si la nostalgie provenait à présent non de ce qui est arrivé, mais de ce qui sera écrit. Beaucoup de répétitions donnent rythme et sens au poème en prose, des couleurs, rouge, brun et aussi « les cheveux de la terre ». Dans le texte qui clôt le livre (sans le refermer), Dominique Maurizi dit clairement que ce qui parle ici : « c’est la voix de la langue » et ce qui écrit, « dedans, c’est la lumière ».1




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Faï fioc
48 p., 8,00 €
couverture

1. Également paru, Dominique Maurizi : Septième rive, La tête à l’envers, 2016.