par Michéa Jacobi
Moi qui n’ai jamais lu de romans de Jim Harrison (Combien de fois me les a-t-on recommandés cependant ?), voici que j’avale à petits traits ses poèmes, un shot d’amerloque page de gauche, une lampée de français page de droite. Voici que, suivant les prescriptions de l’auteur dans sa préface, je tâche de comprendre comment ses divagations l’ont conduit à chercher du côté de la poésie une vie plus grande et plus belle que ses apparences, rather or less, plus ou moins.
Je trouve surtout le moi, le nu, le ténu, le dénudé.
Un instant d’équilibre parfait en dansant avec une enfant malade sur une chanson de Merle Haggard, un thé brûlant au ranch de la Déveine, une princesse Shalimar dans un club de striptease du Nebraska, les empreintes d’un puma humé par le poète, certain d’être épié par la roche même.
Une vie de migraine sur la route de Tucson innombrablement bordée de toilettes, « de temps rétréci au fond de la nuit », de chiens attentifs, d’objets qui racontent eux-mêmes leur histoire.
Il est certain que « les poissons n’ont pas inventé l’eau ». Il est pareillement assuré que Jim Harrison n’est pas allé chercher sa poésie ailleurs qu’à l’endroit où elle se trouvait. En l’observant comme nous observe les montagnes, en la guettant comme la guettent les chiens, en veillant comme veillent nos visions.
Édition bilingue
La Table Ronde
« La Petite Vermillon »
192 p., 7,10 €