par Christophe Stolowicki
En couverture, photographiée sur une route l’ombre de l’arbre se décompose surexposée. Méfiez-vous du tremble qui pense, penche mieux qu’un roseau dans son bruissement ajouré, dans son ombre labile. À mots couverts, à découvert, à mots de vécu plus vivants de ce tremblé autour, une commode en cœur de tremble a ici trempé dans l’océan de déserts de l’amour gentiment repeuplés. À coups d’épée dans l’ô d’un bretteur de l’indécis se gardant de tout lyrisme voire écho qui « n’aime pas les tirades / […] préfère […] / le va-et-vient du tracteur dans le champ » de boustrophique mémoire, passant à la ligne comme le passant poli, dépoli comme le verre flouté en oscillo-battant ; sirotant le tragique à petites gorgées ; pédagogue toutefois de la vie lavis de rien enseigner (quelques facilités de délavage) ; d’un lotophage de ses rencontres célébrant « les vertus de l’approximation » – « emphatique et clos » un précis de détachement, un art d’élire ; un scepticisme à strates qui tresse, dresse sa muraille de Chine que traverse un flux de neutrinos ; un zeste de présomption mal sacré (« devant lui les portes des êtres / s’ouvrent en coulissant ») de montreur d’âmes en son théâtre de marionnettes ; une profession d’il était une fois comme cinquante ; un parti pris des choses en leur peu de réalité, les mots pour s’en dédire. Frappé au coin du bon sens poétique, de l’intelligence poétique d’appoint lié, au « centre / entre l’aller et le venir » de la nuancée périphérie de tout – ce qui d’une vie remonte des lectures croisées décroisées de Bernard Noël, Bernard Vargaftig, Fernando Pessoa, Nicolas Bouvier, René Daumal, Paul Celan, André du Bouchet, Pierre-Albert Jourdan, Kobayashi Issa, Thomas Mann en exergue de blanc d’ancre ouvrant les chapitres ; quand marins et capitaines de sa « lignée » ont relâché au bassin d’attache sinon de coiffes de ses aïeules, le quotidien en bordées d’un séducteur à la haute semaine, à l’année, grand voyageur un jeu de billes dans chaque port.
104 p., 14,00 €