par Philippe Di Meo
Le thème d’actualité, mais peut-être aussi éternel, trouve dans ce recueil bien rythmé une sorte d’équivalent graphique ou plutôt de long graffiti tracé sur le haut de la page, et page après page, comme sur le mur matérialisé et nié de la justification typographique. Autrement dit, le recueil se pose symboliquement sous et face au mur. Et l’ébrèche en refusant le point tout en maintenant la majuscule. Initiale ? Ou comme une insurrection cabrée au sein du langage et du monde.
Liés par ce thème unitaire, des poèmes d’inégale longueur interrogent le mur et ses significations sur le mode lancinant, renversant d’une certaine façon la barrière, ne la relevant que pour vouloir l’enlever. Procédant largement de la réitération, et de la prolifération qu’elle suppose presque automatiquement, briques et ciment, un rythme de bon aloi retient au-delà de la pure et simple dénonciation des murs. Le mur du silence est en tous cas abattu, la parole gagne comme une carte maîtresse. Aucun mur pour elle. Rien ne la mure. Sûre de sa victoire, elle appelle, rappelle, épèle l’absurde inacceptable des cloisons illusoires :
Solides absence de liens, solide
absence de ciment social des espèces
et des espaces Fortement critique,
le cas clinique du monde au pied
du mur De ce côté de la réalité des
murs, c’est à la base la vie qui en sort
écrasée […].