La Revue des revues

 
par Philippe Di Meo

La livraison s’ouvre sur un article consacré à la revue animée par le jeune Apollinaire et André Salmon, Le Festin d’Ésope. Ce sera la première que dirigera l’auteur d’Alcools. Elle apparaît en novembre 1903. Elle répond au besoin d’écrivains âgés d’une vingtaine d’années de se faire une place dans la société littéraire à une époque où la revue phare, Le Mercure de France, leur demeure fermée. Neuf numéros paraîtront jusqu’en 1904. Comme suggère non sans bonnes raisons Mikaël Lugan, faut-il voir dans l’absence de ligne éditoriale claire la principale raison de son insuccès ? Quoi qu’il en soit, Apollinaire y publie L’Enchanteur pourrissant, Jarry L’Objet aimé. Et une grande place est accordée aux comptes rendus.
P. Schmitt s’attache pour sa part à explorer la revue belge Les Lèvres nues et la personnalité de son fondateur, Marcel Mariën (1920-1993). Issu de la mouvance surréaliste, touche-à-tout talentueux et rebelle, l’écrivain est aussi un révolutionnaire qui bâtit une revue pluridisciplinaire ouverte non seulement à la poésie et à la littérature mais encore au cinéma et à la musique. On y décèle une tension certaine entre la fidélité aux fondamentaux du surréalisme intégrés aux principes du marxisme-léninisme et l’observation intime d’un éclatement de la psyché. Trois générations marquent de leur empreinte la publication : Paul Nougé (1895), Marcel Mariën (1920) et Guy-Ernest Debord (1931), le Debord lettriste. L’ensemble évolue au fil du temps d’une « littérature littéraire » à la « subversion par le désordre discursif ». Le détournement apparaît. Une carte de France se couvre de noms de villes algériennes, par exemple. La « psychogéographie » et le situationnisme s’annoncent à pas de loup.
Suivent des articles sur la revue Doc(k)s et la revue, moins connue peut-être, animée par André Malartre, les Cahiers d’art et les comptes rendus fort bienvenus.




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La Revue des revues
N° 55
Ent’revues
144 p., 15,00 €
couverture