par Alain Helissen
Apparenté au « nouveau réalisme » à une époque où il codirigeait avec Daniel Biga et Franck Venaille la revue Chorus, Pierre Tilman pratique une poésie de la réalité, pétrie de quotidien avec un zeste d’humour et du gros sel aguicheur. « En vieillissant, écrit-il, je suis arrivé à l’âge d’écrire des poèmes d’amour. » Et il le prouve tout au long de cet épais recueil qui enchaîne des scènes sexuelles avec un appétit sans cesse réactivé. « Il ne faut pas laisser traîner nos corps / à la portée l’un de l’autre / ils s’enflamment tout seuls / par simple contact. » L’Amour Moderne débute par des « dialogues amoureux » dépouillés de tout sentimentalisme, tant l’acte sexuel, source de jouissance accessible à tous, se suffit à lui-même. Pierre Tilman, qui s’intéresse aussi aux mots et à leurs jeux innocents distingue « l’Amour avec un grand tas » de « l’amour avec un petit tas ». Le mot « amour » contient d’ailleurs la lettre « M » qui se prononce « aime ». On passera sur ce « Haï cul » furtif en page 79 pour retrouver « le cul de Laurence », « les seins d’Agnès » et autres portraits rétrospectifs de partenaires amoureuses. Pierre Tilman sait aussi « ne pas toucher / la femme qui ne veut pas. »
196 p., 20, 00 €