par Philippe Di Meo
Selon toute vraisemblance, ce carnet, première « œuvre » connue de l’auteur de Zone, remonterait aux années 1893-1895. Apollinaire fréquentait alors le collège Saint-Charles à Monaco. L’élève y croque au crayon des scènes historiques, telle la reddition de Vercingétorix à Jules César, ou des personnages historiques, tel Alexandre le Grand, Chamil, mais aussi des chevaliers, des paysannes en costume, un marin. L’imaginaire scolaire sans surprise d’un dessin parfois gauche, ou même semble-t-il de décalques, se transcende dans une caricature enjouée des religions (« Judaïsme, Catholicisme, Protestantisme »). Une vue de Tripoli, une « reconnaissance » militaire traduisent un art de la perspective et de la mise en page de bon aloi. Des persiennes et une marine à la gouache révèlent, pour leur part, un réel talent. Le tout fait penser à un accéléré dans lequel la dextérité augmente avec le temps. Dans cet album, on trouve également quatre poèmes illustrés prenant pour thème Noël. Si leur vocabulaire est déjà relativement riche et la syntaxe bien maîtrisée, leurs rimes scolaires ne laissent rien deviner du talent du futur poète. Reste un témoignage remarquablement édité, présenté avec talent par Pierre Caizergues.