par Christophe Stolowicki
272 + 352 = 624 pages, peu de blanches, de proses (J’avais bien mille vies…) et de poèmes (Le visage de l’œil), en deux recueils de « l’un des plus grands écrivains européens contemporains [qui] a reçu les plus hautes distinctions littéraires aux Pays-Bas, en Allemagne, en Autriche et en Espagne […] infatigable voyageur de l’âme », dit l’éditeur.
Extraits : « le cours d’une vie comme celui d’un fleuve », rappelant furieusement La vie est un fleuve dont nous régale Pétrone au banquet de Trimalcion ; « poète […] entre les parois du destin » ; « des mots et des vers qui n’existent nulle part / ailleurs [on n’ose l’espérer], j’aurais voulu écrire une poésie / de pluie cristalline, allant vers / dieu sait où » ; « un nuage, tel un pis de la vache du ciel » rappelant le bidet violon qui indignait Breton ; « Tout formant cercle, aussi rond qu’un carré », occis l’oxymore ; « Si les jours ont un nom, / pourquoi pas les minutes », de sagesse incisive ; « Autoportrait d’un autre » Rimbaud ; « Il était de ces gens qui traînent comme une masse amorphe le temps [déjà quatre vingt-trois ans] qu’ils ont passé sur terre », dont l’auteur se rend justice. Aveu sublime de mieux comprendre Hafez en Iran devant son tombeau. Échange de lettres-poèmes avec Remco Campert, deux grands penseurs s’entendant à mie de mots. Tautologies dont manque cruellement la totologie. Un bain, un bouillon de perles d’inculture.
On sait que le marché de la niaiserie, solennelle ou triviale, qui se vidange de l’espace Schengen dans le terreau franco-français, n’épargne pas davantage la littérature du passage à la ligne fréquent que celle qui se constitue en paragraphes. Pour l’usage des touristes des lettres les enseignes de la grande distribution se sont coalisées en cartel diffusant des marques éphémères de luxe tout venant, aux volumes qui déshonorent une bibliothèque. Indélébiles. Marchandise.