Jean-Luc Sarré : Poèmes costumés suivi de Bât. B2

 
par Claudine Galea

Deux livres réunis par les éditions Le Bruit du temps qui a notamment publié le magnifique Autoportrait au père absent du même auteur.
Deux livres très différents, mais intelligemment mis en regard. Il ne faut pas se fier aux apparences avec Jean-Luc Sarré. Faux classicisme du premier, Poèmes costumés, où le trivial s’invite dans l’apparat d’un monde dont la sophistication bourgeoise est toujours de mise. Du salon au trottoir, l’humain se dénue de la même façon. Le vocabulaire emprunté aux anciens, du phaéton aux bacchanales, est une façon de faire sursauter les lecteurs qui se croiraient à l’abri. Sarré nous pousse dehors, toujours. C’est là que ça se passe. Et il faut savoir que si le paysage est toujours trompeur, la tendresse humaine subsiste.
Si Bât. B2 annonce d’emblée son aujourd’hui, sa musique (entendre dans ce mot non une image mal associée à la poésie, mais un vrai jazz qui bouscule) dégage une acide mélancolie, sa ponctuation joue avec les règles de la poésie de tous les temps, les restes et les ruines se disputent leur survie avec les herbes folles et les oiseaux vous balancent leur salut moqueur. Sarré serait « comme » – ce mot de la poésie ancienne dont on peut se passer, mais qui garde en lui un léger décalage, une ironie résiduelle – donc, Jean-Luc Sarré serait comme un auteur de polar qui aurait plongé dans la poésie lors d’une longue nuit à la dérive très urbaine.
Et en préface, une belle introduction par Jean Roudaut à l’œil astringent du poète.




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Préface de Jean Roudaut
Le Bruit du temps
192 p., 8,00 €
couverture