par Vianney Lacombe
Dans Le dernier livre des enfants, Ariane Dreyfus n’oublie jamais de nous parler du corps, elle lui donne sa réelle grandeur, celle que nous ne savons pas voir, mais que les danseurs et les amoureux vénèrent. Elle parle de l’amour comme d’un espace miraculeux : Le drap ne peut pas la gêner / C’est même magnifique (p. 53), mais elle parle également de l’espace du corps dansant, de la lumière qui l’accueille, de la géométrie, des axes, des carrés et des courbes, mais aussi des mains et des pieds qui ne sont plus mains ou pieds mais signes et bruits de hurlements silencieux, vies vécues et rassemblées, frappées sur le sol, battues par les mains dans un labyrinthe fait de beaux torses silencieux (p.112). Ariane Dreyfus nous fait partager la vie d’Emily, la petite fille d’Un cyclone à la Jamaïque, ainsi que celle d’Emily Dickinson, recluse à Amherst, entre le jardin, la maison et le cimetière : Si seule / qu’elle est encore là (p. 68).
Ariane Dreyfus montre la connivence profonde qu’elle entretient avec le monde de l’enfance : elle nous fait respirer leur air et regarder leur lumière avec le même désir, mais Le dernier livre des enfants est également une approche de la mort dans lequel elle parle de l’angoisse et de la solitude que les enfants ne savent pas encore nommer : La nuit je pense à demain pour ne pas mourir (p. 58).