par Alexandre Ponsart
Sur la quatrième de couverture l’auteur énonce à propos de son livre : « manière de porte ouverte sur mon atelier (…) Je suis là, les bras pleins de formes, fouillant dans mes bouts de textes, assemblant, ajustant, retaillant. (…) Si les poèmes sont courts, ils n’en sont pas moins pleins (…) de ce que vous voudrez y trouver ! » C’est un établi où le désordre semble régner en maître car ici les mots s’entassent. Ils ne sont Jamais perdus morceaux jamais perdus. Le lecteur pose son regard sur les diverses piles de mots et se laisse ainsi porter. Plaisir à tiroirs – nulle attrape / Nulle griffe posée sur ton rire.
En couverture figure un extrait de la série Cartes de visite, collection Grande enquête au tampon de Gianpaolo Pagni. Diverses formes géométriques de différentes couleurs avec des nombres. Le tout sur un rectangle blanc cassé. Est-ce un plan de l’atelier ; les couleurs permettent-elles de délimiter « les bouts textes » ? Ce qui est certain c’est que l’écriture s’y trouve transformée. L’auteur teste les mots, les confronte. La nuit la main la bouche / La main la bouche la nuit / La bouche la nuit la main. Et parfois, il les oublie et laisse le temps faire son œuvre. Décomposition. Défragmentation. L’écriture vient s’approvisionner de ce que le temps a produit.
(Sur une mare, disait) pied sur bateau, à la prou
e : rouge d’l’amit. Des noms ? A … Z Les nôtre
s Tête le poing désordre farce etc. dans les lance-pierres
File, faute dbateau sans billet – il y a les wagons : ils
L’écriture semble inaboutie, toujours en mouvement. Et c’est sans doute son originalité. La peau, où, sur la langue, où, sur la plage / Une fois encore le sel lorsque l’eau / Se retire sans pense-t-elle laisser trace. Daniel Pozner garde la trace des mots, les ombres errantes des phrases effacées. Il conserve.
Ô pavés empilés poings levés / Je te salue. Il est l’heure de rentrer, Reviens sur Terre, bouche sereine – eh ! Une fois sorti de l’atelier, le livre terminé, chacun aura trouvé un peu de soi.
96 p., 10,00 €