Boris Wolowiec : Chaise, Table, Papier

 
par Mathieu Nuss

Au commencement étaient une « TABLE », une « CHAISE » et du « PAPIER ». Trois supports constitutifs du quotidien de l’écrivain, trois outils qui se mettent à penser : « Assis sur sa chaise face à sa table, celui qui écrit devient chant impeccable du papier ». Ce dernier opus de Boris Wolowiec interroge ces objets pensant, ainsi vont les élans, s’entendent les scansions, va fulgurante l’imagination nourrie de facétie et d’échos surréalisants. Du théâtral presque, dans ce livre, une réelle dépense physique en même temps qu’une grande récréation. Profond, enlevé, grave, tous les registres y passent : « Table » – « La table caractérise l’hébétude. » « Chaise » – « La chaise reste toujours de trois-quarts-face à la première personne du singulier. » « Papier » – «  Le papier filtre le silence à poitrine tue. » Théâtre ? Poésie ? on ne peut plus désinhibé en tous cas ce verbiage apparent qui vire tantôt en ritournelles tantôt en odes. Circulation d’idées, de phrases dopées, au pouvoir combinatoire, de sons qui se contaminent et frétillent de ligne en ligne, besoin d’éprouver la vie inhérente aux choses, contre l’immobilisme de la pensée ? contre son exclusion ?

Papier, table, et chaise, trois basses obstinées dans un registre grave, ou trois voix porteuses dans un registre plus aigu, c’est selon. Il faut lire cela à voix haute pour mieux sentir se déployer ces phrases guidées par la liberté de leur simplicité.




Share on FacebookTweet about this on TwitterPin on PinterestShare on TumblrEmail this to someone
Le Corridor bleu
120 p., 10,00 €
couverture