Laurine Rousselet : Nuit témoin

 
par Alexandre Ponsart

Sous une couverture foncée et monochrome où le titre en gris ressort et brille ; c’est la nuit témoin. Une nuit, le corps est venu laisser sa trace. Semence de l’écriture, les poèmes apparaissent au fil des pages. La peau désire crire.

Dans cette chambre la nuit est venue porter son fleuve d’insomnie. Seule il faut écarquiller les yeux sur l’obscur. Il faut raconter, forger les lettres sur une route de poussière pour que le corps fulmine. Chagrin d’amour. Rupture sentimentale. Sensuelle. Le désir est partout et pourtant il faut avancer. L’égarement au cœur du désir dans le ventre la langue souveraine me remettre à cavaler. Face à la douleur provoquée, un remède, l’écriture. Écrire vient et interroge les racines du chaos.

L’écriture parfois saccadée génère un certain rythme – haletant – de lecture. Pulsions corporelles et textuelles qui bouleversent au plus profond de l’être. Dessiner dans l’air avec les doigts tes coins de bouche la patience de ton dos fier tes yeux brillants qui coupent ta langue encline à dévorer la rencontre colle (…) frotte le bruit du plaisir contre les seins nos cœurs pressés. Écriture d’un besoin d’un corps animé et brûlant de désir. Le corps veut vivre de désir le corps veut. Crier la jouissance. Secréter des mots et libérer poème.

La force de l’écriture est double. Elle permet de mettre des mots sur la douleur et d’avancer. Ravir les lettres culbutées les assembler comme une mémoire projetée. Elle permet aux corps désunis de se retrouver pour un moment intime. Profiter encore dans cette chambre l’absence va nue comme un angle fraternel au-dehors tant d’horreur et de haine ne pas plier suivre le cours de la nuit témoin.




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Isabelle Sauvage
128 p., 16,00 €
couverture