par Monique Petillon
Comme Ressac (Obsidiane 2011), & Lointains est un recueil empreint d’un sombre lyrisme, inspiré par l’immensité maritime : « – ô inscrutable rêverie de l’océan, les gouffres frais ouverts au flanc des mots, aux vapeurs et aux fumées ! »
Un paysage grandiose, une présence solitaire sur la grève, contemplant l’horizon, « lieu inhabitable & sans mesure ».
Peintre en dialogue constant avec les poètes – notamment Yves Bonnefoy –, auteur lui-même d’une œuvre poétique importante, et d’une somme considérable de notes d’atelier, Titus-Carmel est un artiste qui a suivi deux lignes de crête en quête d’une « œuvre unique ». C’est ce que semble souligner la présence très forte de l’esperluette dans le recueil, unissant des éléments qu’on pourrait croire contradictoires : « chair & texte unis en cette fraction » ou « souvenirs & rocaille & flore, écorcés jusqu’au vif… ».
Titus-Carmel donne à ses recueils une forte architecture : ici quatre suites désignées comme des « amers », chacune composée de 12 neuvains puis de 24 poèmes. Au cœur de ce livre altier, un poème mentionne et explicite le titre : « (& Lointains) Signes fugaces et intraitables d’un monde seul – d’air et de sable ». Mais ce silence est traversé par des « échos amis » – des mots empruntés à Yeats et à Goethe, à Blanchot et à Breton –, « venus graniter cette construction rêveuse qui n’a de Lointains que son éperdu désir d’ailleurs ».
144 p., 14,00 €
