Victor Serge : Résistance

 
par Jérôme Duwa

« Soyons durs pour longtemps » conseille Victor Serge (1880-1947) qui écrit une poésie sans emphase faite d’encouragements propices à la traversée d’une époque exceptionnellement féroce. Le révolutionnaire libertaire passé à l’opposition de gauche décrit une vieille femme sous sa charge, la légende des loups écorchés par les chasseurs ouzbeks ou le superbe mépris de la mort du révolté Stenka Razine. Ce cycle de vers libres paraît pour la première fois en 1938 dans la revue Les Humbles, juste après la livraison contenant le Manifeste pour un art révolutionnaire indépendant de Trotsky et Breton. Même s’il a été proche de l’un et de l’autre, la voie lyrique de Serge ne permet que rarement l’échappée à laquelle aspire le poète surréaliste. Avec un sens de la notation réaliste et parfois un sombre humour comme dans son « Histoire de Russie », ce recueil témoigne de ce qu’une époque cruelle peut produire sur la sensibilité d’un « homme déchiré d’Eurasie ». Outre la « constellation des frères morts », on croise Freud, Hölderlin-Scardanelli ou encore Panaït Istrati. La résistance poétique de Serge vise à être tout entier de son temps pour ne pas vivre dans l’illusion assoupissante : « Allons-y, allons-y, allons-y !»




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Poèmes
Préface de Jil Silberstein
Héros-Limite
« feuilles d’herbe »
96 p., 8,00 €
couverture