Georg Trakl : Vingt poèmes

 
par Létitia Mouze

Ce choix de vingt poèmes est précédé d’une préface du poète Guillevic, leur traducteur. L’édition étant bilingue, le lecteur peut naviguer entre l’allemand et le français, et constater que, tout en respectant la syntaxe de l’original, Guillevic n’hésite pas, souvent, à inverser l’ordre des propositions afin de mieux rendre les accents d’intensité germaniques, et le rythme. Mélancoliques et douloureux, ces poèmes décrivent une nature sombre, automnale, nocturne et pluvieuse où passent fugitivement des silhouettes qui sont toutes des images de la souffrance : un étranger, une orpheline, un jeune garçon mort (Elis), Gaspard Hauser, ou encore la sœur (« la sœur, tristesse tourmentée »), à laquelle le poète fut uni par une relation incestueuse. Le mutisme et le silence qui dominent dans le bruissement plaintif des arbres signifient l’absence ou la colère de Dieu. Dans le noir, quelques couleurs émergent, le bleu, le brun. La présence de la mort est obsédante, culminant dans le dernier (et célèbre) poème, Grodek, évocation de la tragique bataille de septembre 1914, sans aucun soulagement à l’angoisse qui résonne et étreint : « Le soir résonnent les forêts automnales / D’armes de mort ».




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Traduits et présentés par Guillevic
Obsidiane
60 p., 13,00 €
couverture