Christophe Fourvel : Tant de silences

 
par Claude Favre

Ouvrant le livre comme on s’approche d’une présence absente, ou bien l’ayant doucement refermé comme la porte d’une pièce où repose un être cher, n’ayant plus d’envie que de se taire, tant de silences ce livre est beau, comment dire. L’origine du mot silence est obscure. Et chaque silence écrit ici inaugure une expérience. Ouvre, traverse ce que le texte tente de ne pas définir. Il y a beaucoup de visages en mots et dessins et ce qu’ils portent d’effacements. Pense à la voix perdue de Jankélévitch, à l’attention, à la disparition. À la tentation du silence, celui de Tiziano, de Scola, d’une héroïne de film, de soi parfois, tout le contraire d’une menace, ce silence comme une danse, un tremplin, tout le contraire d’une peur. Une expression du XVIe siècle « en grande silence » par l’étirement syllabique dit ce geste d’équilibre. Ou bien, pense au rejet du silence ou à ces silences de mort, lèvres opposées à la barbarie – ne pas faire silence sur / ne pas réduire à / ni être mis sous ou bien. Pense à chaque silence son histoire qui n’est pas mutisme, à cette invitation sensuelle sans mysticisme à trouver le nôtre, à l’écriture qui le convoque. Le silence n’est pas une fin, toujours singulier il appelle le dire, en ses pluriels.




Share on FacebookTweet about this on TwitterPin on PinterestShare on TumblrEmail this to someone
Dessins de Jean-Pierre Schneider
Lecture de Jean-Marie Blas de Roblès
L’Atelier contemporain
128 p., 20,00 €
couverture