Henri Meschonnic : Le sacré, le divin, le religieux

 
par Matthieu Contou

Premier volume de la collection « La faute à Voltaire », Le sacré, le divin, le religieux rassemble trois des tout derniers textes d’Henri Meschonnic. Au centre de ce triptyque quasi testamentaire1, le petit essai de 2004 qu’il avait lui-même intitulé « Le sacré, le divin, le religieux »2.
De la voix qui s’y fait encore entendre, on ne saurait jamais tout à fait dire si elle est celle du poète, de l’hébraïsant ou du philosophe de la religion. À la vérité, son timbre et la veine fondamentalement politique du propos rappellent bien souvent celle du prophète. Du prophète incriminant une humanité « malade de confondre le sacré, ce temps du conte, du temps que les bêtes parlaient, avec le divin, qui est la création de la vie, la sainteté étant ce qui touche au divin, [et] encore plus malade de confondre le divin et le religieux, qui n’est que la confiscation du divin par ceux qui s’en proclament les porte-parole et les propriétaires »3.
Lucrèce et Spinoza pour mieux réaffirmer l’insigne valeur de l’individualisme biblique : beau programme et ô combien opportun, assurément ! Dommage, toutefois, qu’il soit ici défendu sans jamais faire droit à l’incertitude et dans un registre d’expression qui ne permet plus guère de distinguer entre la prophétie et l’oracle…




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Suivi d’un entretien avec Anne Mounic
Arfuyen
« La faute à Voltaire »
88 p., 9,00 €
couverture

1. Henri Meschonnic est mort le 8 avril 2009, soit un an à peine après avoir publié deux des trois textes ici rassemblés : le premier, Apprendre à ne plus savoir ce qu’on fait, sa contribution de 2008 à un numéro de la revue Faire part intégralement consacré à son œuvre, et le dernier, Se in Deo esse, un entretien avec Anne Mounic, paru en 2008 dans la revue Temporel, puis repris en 2010 dans la revue Peut-être.

2. Publié dans Un coup de Bible dans la philosophie, Bayard, « Bible & philosophie », 2004.

3. dans Le sacré, le divin, le religieux, p. 47.