par Isabelle Baladine Howald
Alejandra et l’analyste ébloui
Alejandra Pizarnik s’est suicidée à 36 ans, en 1972. Elle a laissé une œuvre poétique intense, un Journal douloureux et une Correspondance avec son psychanalyste parisien Léon Ostrov. L’attention de celui-ci, sa compétence, sa compréhension de la personnalité malade mais aussi extrêmement créative de sa patiente forcent le respect. Cette Correspondance se poursuit sur plus de dix ans, préfacée par Edmundo Gomez Mango qui devrait être l’analyste de tous les écrivains en détresse, suivie d’une postface d’Andrea Ostrov, la fille de l’analyste qui livre un témoignage touchant et subtil sur la création littéraire. Pizarnik tente de changer de vie, fuit sa famille névrosée, s’installe à Paris mais la stabilité n’est pas pour elle. Dévorée d’angoisse et de questions, elle s’appuie sur la certitude qu’a son analyste qu’elle peut y arriver. Elle n’y arrivera pas mais à eux deux ils laissent un témoignage unique, souvent poignant, qui baigne dans l’intelligence et la poésie. Le monde pour eux étant à l’envers, Ostrov dira d’elle : « Je ne suis pas sûr d’avoir toujours réussi à l’analyser ; je sais en revanche qu’elle m’a toujours poétisé. » Le contre-transfert peut être une merveille.