Olivier Domerg : Le temps fait rage

 
par Christophe Stolowicki

Au cœur de roche d’un convulsif, familier, crissant de sabres, bruissant d’oiseaux, bientôt minéral paysage méditerranéen d’arrière-garde célébré par son peintre. Au « pied du mur » d’une montagne insatiablement habitée par l’écriture. Quand, « pour toute poétique & pour toute morale », pour solde de toute gratuité, à l’instar de Char en partance pour les collines qui siffle son chien, Domerg. Renvoyant les cuistres à leurs terriers, faisant « son plein d’oiseaux dans les vallons boisés », déploie, à longs versets de « profondeur plate comme prose en prose » s’accourcissant sonnets quand on approche du sommet, un dispositif ascensionnel aux deux strates de ponctuation. Descriptif scrute l’élémentaire comme seul un poète. Sous l’empire des choses, dans l’emprise du sens deux trous noirs fusionnent où s’engouffre le temps. Lequel, celui qui suis, celui qu’il fait ? De tempête qui fait silence ? Marcheur de fond aux aixoises Marches immarcescibles du vécu, à la margelle d’une Sainte-Victoire sur Cézanne et soi, Domerg. Ogre de langue, écrit sur le motif. Pascalien d’éloquence rétractée qui se moque de la séquence, de parti pris traquant les choses dans leurs à-plats de singularité cinglante amoncelée comme « mollasse calcaire », truque et troque et pile empile, encolle, agrafe aporétique une comptine. De disjonction.




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Le Bleu du ciel
158 p., 15,00 €
couverture