Delphine Horst : Lente à ressusciter

 
par Alexandre Ponsart

Sous une couverture verte se dissimule un court texte qui évoque la perte d’une proche personne. Une sœur. Sous sa robe de peau chiffonnée elle ne bouge plus. Des vents contraires le cri s’est rendu muet.

La couverture tournée, nous y sommes. Dans le maquis de l’enfance, dans la forêt et son sous-bois. Puis l’étendue de ce vert laisse la place à l’étroitesse d’une chambre et d’un lit. Changement d’espace ; changement de couleur. Elle habite maintenant le coin de son lit. C’est la maladie qui couve, cette marâtre atroce qui niche en son sein (…) avec en sa bouche un ulcère dégorgeant qui rutile. Une seule sortie possible, celle de la délivrance. Le linceul retient le plus beau des ravages, plus rien qu’un désordre de cendres. Et par là même retrouver l’immensité du sous-bois ; se lever, au matin fraîchement remué et regarder passer les saisons et mourir souvent le ciel entre ses mots.

Elle est auprès de sa sœur et veut crier : Ne me laisse pas. Mais aucun son ne sortira de sa bouche. Alors les mains prennent le relais et racontent l’histoire. Son histoire. Est-ce celle de sa sœur ou la sienne ? J’ai regardé s’éteindre la bougie et la neige est venue entraîner dans sa chute la faim violente de ne plus être meurtrie. Seule, reste l’écriture faite d’humus ; une langue sans pillage que personne d’autre ne parle.

 




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Isabelle Sauvage
« Pas de côté »
24 p., 5,00 €
couverture