par Jean-Jacques Bretou
Comme indiqué sur la couverture, ce livre est un roman. Il commence par la description des symptômes de la maladie dont souffre son auteur. D’abord, il y a la douleur, « comme un pic à glace enfoncé derrière l’œil ». Ensuite, le diagnostic est prononcé : « algie vasculaire de la face ». Mais nommer la maladie ne suffit pas. Cela ne permet pas de la domestiquer. Les crises s’annoncent « comme un orage », puis le « Vampire », la « migraine du suicide » s’installe sauvagement, impitoyablement. Le mal induit des comportements. On se replie sur soi de peur de n’être pas compris, on croit deviner des regards suspicieux. Il ne s’agit cependant ni d’un récit d’horreur ni d’un simple témoignage, encore moins d’un ouvrage d’autofiction. Laure Limongi a d’autres ressources. Au fur et à mesure que l’on tourne les pages le roman prend forme. De multiples ramifications se tressent. L’auteur fraternise avec les écrivains migraineux et mène une sorte d’enquête sur sa maladie et ses possibles remèdes. On croise des personnages comme le docteur Allendy, John Cage, Hamlet ou John Allegro. On apprend beaucoup sur les champignons et la psilocybine, sur la création de l’argent, et l’homme de Florès, le LSD. Mais surtout, en italique, au milieu de son texte premier, L.L. nous raconte très pudiquement, par touches, une histoire que l’on peut supposer d’amour, sur les bords du lac Léman dans le village de Publier. La construction de l’ensemble est magistrale. À la fin comme elle le dit « tout va bien », on est bien.