Dani Orviz : Génération ON – Generacion ON

 
par Jean-Pierre Bobillot

Pour leurs traductions du russe en collaboration1, René Ghil demandait à Alexandra de Holstein, non seulement de lui fournir un premier jet en français, mais de lui lire à haute voix l’original, afin d’élaborer, dans la langue-cible, un texte restituant au plus près, outre le signifié, la forme même du signifiant, tels qu’ils se présentent dans la langue-source.
C’est, mutatis mutandis, une méthode comparable qu’ont mise en œuvre Éric Blanco et Coralie Barthélémy, pour traduire ce volume de Dani Orviz. Choix judicieux, l’auteur étant de ceux qui, comme l’avait théorisé Ghil, pensent « par les mots-musique d’une langue-musique » : fortement scandée, riche en paronomases, néologismes, homophonies génératrices etc.
Issu de la scène slam espagnole, ce brillant proféracteur de ses textes2 y propose, avec une bonne dose d’humour, et loin de toute édulcorante synthèse façon protest business, un tour d’horizon échevelé de la situation socio-économique3 avec portrait de l’artiste en « moineau pour le faucon de la mondialisation […] et pion éjectable pour les patrons », rêvant d’« amour préhistoé »4 et succombant à la « mélodie personnalisée » du « distributeur-automatique-musical » de sa banque qui « [l]e divertit en même temps qu’elle [l]’hypothèque »…




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Plaine Page
72 p., 5,00 €
couverture

1. Quelques poèmes de Constantin Balmont (1916), Contes populaires russes de Pouchkine (1922).

2. Voir ses nombreuses vidéos sur le net.

3. « Pub de Porsches et mendiant sous les porches »…

4. Pardon ! je n’ai pas pu me retenir de cette passagère contagion d’une (déjà) vieille chanson de Polnareff, assez dans l’esprit…