par Michéa Jacobi
Un mataf profitant d’une escale pour saigner son riche cousin comme un poulet, un agent d’assurance imbibé de genièvre Zwarte Zwaan, un cadavre jeté à l’eau à l’heure du thé, un con poilu, l’interminable fiche du libineux commissaire Peabody, Habibollah un ancien garçon d’étage des Indes britanniques combattant aux côtés des Bolcheviks, la rencontre de Peabody et d’Habibollah, un officier irlandais désertant pour rejoindre des bandits brésiliens commandés par une sorte de sainte, les huit nocturnes de Patrick Boman sont huit pièces brèves où les personnages, les circonstances et les histoires deviennent des thèmes énigmatiques et précis, comme arrachés à un corps romanesque qui n’a peut-être jamais existé. On écoute autant qu’on lit, les sept silences semblent en dire autant que les huit récits et il ne semble rester de cette prose réduite à l’essentiel que son suc poétique.