par Sébastien Hoët
On retrouvera dans ce recueil tout ce que l’on aime dans les romans de Jérôme Leroy : une érudition savoureuse et négligée (comme doit l’être le port de la cravate pour Balzac) qui mélange élégamment les références à la chanson des sixties ou à Amy Winehouse, aux alcools, au roman policier, à la littérature réputée réactionnaire, dandy, hussarde (Mandiargues, Chardonne…), à la pensée communiste, aux actrices, au cinéma italien, etc. ; mais aussi ces paysages de villes secondaires (Roubaix, Clermont-Ferrand, Thionville,…), ces femmes alliciantes dont on goûte le corps presque à leur insu, ces séjours à l’hôtel comme dans l’anticipation minuscule d’un paradis possible ; mais encore cette lumière de déclin, de fin irrémissible où la mélancolie puise dans le passé et l’exécration du futur déshumanisé un bonheur paradoxal. « J’étais fait / Pour des rentes modestes / Et écrire des poèmes / Dans des villes d’importance secondaire / À la terrasse des cafés / L’après-midi / En regardant passer / Sur la mail Georges Clémenceau / Les filles les filles les filles les filles / Et puis le temps » (p. 88). Recueil spleenétique, saturé de mémoire, où la tristesse fait sourire.