par Chandramukhi
Les martiens sont un bon public, récemment un ancien grand réalisateur a fait un film sur l’un d’entre eux qui cultive des patates durant deux heures. J’ai dit bon public et pas bon sujet. De. Conférence. Car on parle de nous, toujours de nous. À la folie, pas du tout. Un bon conférencier est un bon jardinier. Chacun plante le décor, pour qu’il prenne, pousse. On cultive les ambiguïtés et les fausses-évidences, avec une voix douce on parle aux plantes et aux belles plantes (du premier rang). On compte. Les jours, on décrit, énumère, on peuple ainsi, ça devient vert. On doit rester dans ce jardin, s’en occuper, mais c’est lui qui nous occupe, même si tout ça, on sait bien, se passe dans une cave, une arrière-cour, un lieu bien improbable. On en est réduit aux actions que l’on fait, sait faire ou dont on n’est plus capable. Cela crée toujours des moments de malaise ou très drôles, selon l’humeur. C’est comme demander « Hé tu trouves pas que Kafka c’est poilant ? ». La bonne réponse n’est ni Oui, ni Non, mais « C’est quoi Kafka ? ». En stand-up, ne pas perdre le fil, le public il doit suivre. Alors. N’est plus capable. Car. L’oubli est partout. On est là, dans ce texte pour. Je réapprends. Je reste impuissant face à la matière. Je m’essaye à ce qui me résiste. Disons « la sculpture ». Y’a du volume. On tourne autour. Et puis lancer « Je crois sincèrement à la force de la musique easy-listening ». Celle qu’on n’entend pas, même sans l’écouter. Mais elle habille tout, fait tout passer, de l’ascenseur, aux courses, en passant par les propos les plus apocalyptiques. Depuis longtemps je te lis Emmanuelle. Ton texte est un beau chapitre de plus. Tu t’appuies sur. Mais ce sont des hommages. On ne finira jamais la liste des savoir-faire. Et comment savoir lequel devra nous servir en ultime recours ? Savoir ranimer par le bouche-à-bouche avec massage cardiaque ? ou savoir extraire son visage de la glaise ? Là, la réponse est « Oui ».
Confluences / FRAC Aquitaine
« Fiction à l’œuvre »
64 p., 10,00 €