par Sébastien Goffinet
Une anthologie, surtout « vagabonde », résulte toujours d’un processus éminemment subjectif et Angélique Ionatos a choisi d’assumer cette dimension ; elle a ainsi « abandonné l’ordre chronologique pour privilégier le désordre amoureux ». Il en résulte un livre dont la cohérence se trouverait ainsi à chercher davantage dans le rapport que Ionatos, qui n’est ni exégète, ni critique, entretient à Elytis que dans l’œuvre d’Elytis elle-même. Au-delà, et même si les productions les plus avant-gardistes d’Elytis (proche, à ses débuts, des poètes surréalistes) ont été délibérément écartées, cette anthologie offre un bon panorama des écrits du prix Nobel de littérature 1979. Le goût personnel de la compositrice et interprète grecque Angélique Ionatos pour le lyrisme (que souligne le titre choisi pour cette anthologie) a toutefois quelque peu subordonné son choix ; néanmoins elle a également su y intégrer des textes moins empreints de cette ortie : « un terrain désolé plein d’orties et d’épais caillots de sang noir » (p. 53), « j’ai pris profondément conscience que toutes les religions mentent » (p. 119) ou encore le poème « Ils sont venus » (p. 43-45), extrait d’Axion Esti.
Choix et traduction du grec moderne de Angélique Ionatos
Édition bilingue
Cheyne
« D’une voix l’autre »
128 p., 23,00 €