par René Noël
Prynne ouvre sa main – sa lettre poème livre, à lui-même et au lecteur, les chiffres qui l’animent –, courbe, trajet du je, qui de loin et du ciel peu à peu, descend. L’axe, proche du canal, alors que le flot frôle feuilles et habitations débouche sur deux visions de l’art poétique. La poésie accorde-t-elle les mots, les noms et les choses idéalement, ou augmente-t-elle notre acuité des singularités respectives et irréductibles des objets de la nature et des substantifs du langage ? Le poète se déclare plus familier des parages, tandis qu’il amerrit et voit en semblance. N’y a-t-il pas plus d’une analogie entre une main ouverte et les constellations ? Du trois au cinq, Prynne dépose l’intervalle, espace de chaque je qui juxtapose les divisions indivisibles des humains paysages, des natures animées, peu enclin à céder à un avenir et présent immuables qui s’échangent, aux dépens de tous et aucun, le profane et le sacré.1
1. Combien ils sont une lettre, circa 1968-1970 (?), est extrait de Poems, Fremantle Arts Center Press / Bloodaxe Books, 2005.