par Thibaud Coste
Walden n’est pas un essai, ni un roman, mais le protocole d’une expérience radicale. Henry David Thoreau a vécu deux ans dans les bois afin de se confronter à la vie telle qu’on la trouve là. Aussi le livre s’organise autour d’un lieu aujourd’hui commun : pourquoi perdre sa vie à la gagner ? La force tient à l’effort du philosophe à y répondre pratiquement. « Changer la vie », c’est d’abord brûler les idoles de la modernité : progrès, économie de marché et technique – autant d’instruments d’aliénation rendant l’homme plus dépendant, la pensée plus vile et la vie plus pauvre. L’écriture de l’ouvrage devient alors pour le moraliste la possibilité de se constituer en exemple, non pas comme exemple d’une vie modèle, mais comme illustration, assomption, du discours qu’il met en œuvre.
« Être éveillé, c’est être vivant. Je n’ai pas encore rencontré d’homme qui fût tout à fait éveillé. Comment l’aurais-je regardé en face ? Il faut que nous apprenions à nous réveiller, et à nous tenir éveillés […] »
Enfin, le lyrisme de Thoreau est une célébration de la simplicité et une invitation à habiter le monde – et non pas à se l’approprier. Il s’agit d’être réellement le bâtisseur de sa propre vie.
Préface de Michel Onfray
Flammarion
« Climats »
416 p., 20,00 €