L’imagination est un lieu où il pleut

 
par Grégoire Sourice

L’imagination est un lieu où il pleut est construit comme un triptyque. La première partie de l’ouvrage, édité par la Galerie Jean Fournier à l’occasion d’une exposition des œuvres de Gilgian Gelzer, est un ensemble disparate de textes traitants tour à tour de la question du sujet et de l’origine des images, de l’eschatologie et d’autres marqueurs de la production artistique contemporaine.

La seconde partie est consacrée aux dessins, aux peintures et aux photographies de Gilgian Gelzer. Différentes contributions, écrites pour l’occasion ou réunies par Camille Saint-Jacques et Éric Suchère, essaient de saisir les spécificités d’une production artistique complexe et protéiforme. « Qui dessine fait du dessin au trait son mode d’interrogation » écrit Emmanuel Fournier, et chez Gelzer, c’est le voir lui-même qui est interrogé. Ses œuvres abstraites, aux bords de la figuration, se fondent et se concentrent tout en se déployant au niveau de l’intuition des formes, sans souci préalable de figurer autre chose que l’effort d’un trait ou d’une couleur à apparaître. « Qu’est-ce que je vois ? Qu’est-ce qu’il y a là que je vois ? » s’interroge l’artiste lorsqu’il produit, et chaque œuvre se veut alors non pas une réflexion, mais une variation sensible, un renouvellement charnel de cette même question. Or, parce que les productions de Gelzer travaillent un espace et un temps pré-conceptuels, « la description devient laborieuse […], les noms deviennent impropre à élucider ce que nous voyons » comme l’écrit Karim Ghaddab, et il est alors intéressant de voir comment chaque contributeur, à travers une pluralité d’approches, frotte un langage et un arsenal conceptuel à ces œuvres. En écho de ces textes, l’artiste propose douze photographies.

Enfin, la dernière partie de l’ouvrage, intitulée Dans l’atelier, cherche à mettre en perspective les travaux de l’artiste suisse, en proposant des entretiens ou des articles sur des contemporains de Gelzer qui pratiquent eux aussi le dessin.




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Sous la direction de Camille Saint-Jacques et Éric Suchère
Galerie Jean Fournier
248 p., 22,00 €
couverture