Jean-Pierre Denis : Me voici forêt

 
par Sébastien Hoët

Jean-Pierre Denis propose un fort ouvrage qui forme une frondaison touffue, liée puissamment, mais n’en est pas moins, et c’est une curiosité de ce livre qu’on n’ose nommer un recueil, une sorte de traité de botanique rationnellement ordonné comme une page de Linné ou de Buffon. On jugera de cet encyclopédisme poétique à la simple lecture de la table des matières : Des arbres en général et de l’arbre en particulier, De chaque espèce selon sa nature, Des arbres dans le génie des lieux, Des arbres dans leur rapport au cosmos, … Le poète de nommer dans une langue discrète, en quatrain successifs, les arbres dans leur diversité, mais aussi cette aspiration concrète, nouée à l’infini, qui coule en eux : « Les arbres   déployant l’infini / Le sens du monde   l’éclat / Du premier matin   dans la sève / Coulant à larmes silencieuses » (p. 33). L’arbre n’est pas qu’arbre, il cèle un monde plus lent, plus intense, plus concret, que celui des hommes qui vivent aveuglément à côté de ces fûts immobiles : « Les arbres et l’avènement / Certains jours le poème attend / Qu’enfin vous veniez à lui / Avec la force de ce qui est » (p. 258). Le poète se tient au plus près de cet être humble mais insistant.




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Le Passeur éditeur
304 p., 22,00 €
couverture