par Patrice Corbin
Rien n’est acquis, au moins savons-nous l’égratignure avant le mot. Crans, mots raflés, dé-contingentés, exclus parce que toujours subjectivés, ils sont en partir mais nous les vivons immobiles, presque prostrés. Christian Hubin sculpte la possibilité du mot, il en connaît l’instabilité, il sait que ce mouvement est toujours un prélude à l’absence. Dans cette poésie on n’épargne rien et le visible est le résultat de ce vide à l’intérieur du bol, objet du contour, d’un éternel cycle, cercle au centre introuvable « L’au-dessus / du / bol. La / cavité / qu’aucun son / n’occupe. » Le poète est en perte, il se condamne à l’anatomie du mot, il se sait définitivement inversé sans endroit ni envers. « Respiration qui erre entre les mots, qui disjoint. Que peut-elle espérer du code, des paradigmes – son sex-shop ? » Indemnes au sortir de cette lecture, n’y comptez pas, il vous faudrait la force de l’oubli mais ici chaque mot est égratigné et mutant, la philologie est mise au placard et le sens ? Qu’il advienne enfin pour pourrir de son infernale impuissance ! Christian Hubin ouvre des portes que nous ne pourrons jamais plus fermer. « J’offre une maladie (Novarina). Seuls les imbéciles exigent d’en guérir. »