Caroline Sagot Duvauroux : Canto rodado

 
par Daniel Lequette

Canto rodado, la pierre de la poésie roule et de son rythme prennent forme par secousses et par brisures des fragments de discours qui progressivement se clarifient en un chant à l’émancipation par le langage, un conte « où parler va sans dire » d’où émergent des figures de veilleurs de culture, gardiens de ruines, artistes ou pédagogues. Rares sont les textes qui comme celui-ci, forcément déroutant comme le trajet d’un caillou lancé au gré des aspérités du sol et des élans du souffle, donnent le sentiment d’une démultiplication de la signifiance. Le lecteur ici n’est pas le réceptacle d’affects mais il participe nécessairement de la gestation, de la germination, de la fermentation du texte dont les clés lui sont données en même temps que l’infini des portes à ouvrir pour découvrir une ville, Tanger et une femme, Elisa Chimenti, toutes deux en fusion de langages, de cultures, de religions et de nationalités. Récits de voyages, journal d’une expérience de poète en action, manifeste esthétique, ici ne se juxtaposent pas ni ne s’entremêlent mais fusionnent dans la monstration d’un travail où mots et phrases semblent dessiner des paysages comme des touches de peinture sur une toile qui se font écorce rugueuse ou peau délicate au regard de « l’œil qui veut ».




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CipM
40 p., 14,00 €
couverture