Andrew Hussey : Guy Debord. La société du spectacle et son héritage punk

 
par Jérôme Duwa

Le sous-titre de l’ouvrage est un peu abusif, même si l’on se trouve davantage informé à l’issue de cette lecture sur les Angry Brigade, le King Mob, KLF ou, la semble-t-il fameuse Hacienda de Tony Wilson à Manchester. La question de l’héritage punk de Debord était déjà au cœur de Lipstick Traces (1998) de Greil Marcus qui s’ouvrait sur un concert des Sex Pistols. Après le travail pionnier de Christophe Bourseiller (1999), l’intérêt de cette biographie de Debord, traduite treize ans après sa parution à Londres, tient peut-être surtout à son inscription outre-manche, qui implique d’autres références et perspectives, sans enrichir considérablement nos connaissances ou nos sources.

L’auteur confesse en introduction avoir commencé à s’intéresser à Debord en couvrant conventionnellement son suicide en tant que journaliste. C’est assez dire qu’entre 1994 et le moment où il entame son livre, sa documentation et sa compréhension de l’aventure situationniste ont connu une profonde mutation. D’ailleurs, la question du suicide pour les lettristes de Potlatch ou les situs occupe une place à juste titre non négligeable. N’oublions pas que la petite Madeleine Reineri, 12 ans et demi, citée dans les Hurlements en faveur de Sade est « psychogéographique dans le suicide ». Même si on a droit aux approximations habituelles concernant les rapports des amis de Debord avec Breton et les surréalistes, le récit toujours tenu d’Andrew Hussey se lit avec plaisir et renouvellera, souhaitons-le, l’intérêt pour la théorie et la pratique de la vie quotidienne.




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Traduit de l’anglais par Marguerite Baux et Lucie Delplanque
Globe
544 p., 24,50 €
couverture