par Marie-Florence Ehret
Le Tao du Torero
De ce recueil, le sous-titre pourrait être De la tauromachie considérée comme un nouvel art martial nous dit André Velter, qui veut par ses poèmes inscrire cette tradition que d’aucuns considèrent comme barbare et archaïque dans un universel de l’homme. Fidèle à sa volonté solaire, il rend hommage à travers une série de courts poèmes à José Tomás, matador espagnol.
Ne perdure et n’importe que l’enfant qui voulait sortir
par la Grande Porte.
Il avance par poème de quatre ou cinq vers, il entraîne le lecteur au centre immobile de ce drame qui se joue devant son regard fasciné et qui change la conscience en destin.
Les crayonnés noirs d’Ernest Pignon-Ernest manifestent en un silence criant le même sens éperdu d’une beauté obscure, violente comme l’ombre que jette au sol trop de soleil. La masse sombre du toro vient heurter la silhouette rigide du torero. Encore et encore. En corps à corps. Dans un tourbillon de cape et de cornes.
Outre Le Tao du Toreo, le recueil se compose de courtes proses qui encadrent cette suite principale, et dont les titres sont expressifs ; Soudain l’éternité, Tout le réel puis Suertes, À jamais. Il se clôt sur un envoi qui refuse toute polémique sur cette passion non négociable.
Tant de soleils dans le sang
De la tauromachie au flamenco, les ponts sont nombreux. Ce « livre-récital » écrit « avec » Pedro Soler, dans l’écho de ses musiques, est accompagné de sept poèmes-tracts écrits sur des dessins d’Ernest Pignon-Ernest. C’est dire que ces poèmes sont le fruit d’un compagnonnage passionné entre des hommes œuvrant dans des domaines différents mais partageant la même passion solaire – passion de la passion pourrait-on dire.
Tout est là, les lieux, les objets, les hommes : toro, Grenade, guitarra, Federico, Andalousie, taverne, Lisbonne... Des amitiés nombreuses, Cendrars, Segalen mais aussi Valet, font de ce recueil une vaste communauté sans frontières :
À quel café amer as-tu porté les lèvres
Paul Valet de Vitry-sur-Seine ?
Chez Velter vie et voix vont de pair, du même pas résolu.
Jusqu’au bout de la route
« Livre-récital » ici encore, avec Gaspar Claus au violoncelle comme compagnon de route et d’écriture.
C’est au fils de Pedro Soler que le poète confie de fouetter le vent et l’oreille, comme il demande aux poèmes d’arracher à la vie sa vieille peau pour apparaître chaque jour à vif.
Du cœur et du faste.
Le poème à la longue fait monter les enchères.
La vie ne saurait être autre chose qu’une route sans fin, le poème ne saurait s’arrêter avant le souffle. Le temps pourtant rattrape le voyageur, le vagabond, l’actuel ruine ces terres qu’il n’a cessé de parcourir. Les poètes sont poursuivis et ne peuvent ignorer que
(…) le prix du passage n’épargne
Pas plus les larmes que les prières
Pas plus les anges que les chevaux1