Par Alain Cressan
« J’avale mes mots, d’ailleurs ce ne sont pas les miens », nous dit Daniel Pozner. L’ur-texte, de fait, est une page du Temps retrouvé de Marcel Proust, sans mystère puisqu’on trouve cet exergue : « Rien qu’un moment du passé ? Beaucoup plus peut-être […] ». Un moment : d’un éclair ? Mode d’emploi : le livre fonctionne par triplets. D’abord un élément en prose puis deux textes en vers : un sonnet et un texte plus court, qui sont tous deux cut-upés ou caviardés de la page de Proust : « il fallait ronger au hasard, […] d’un récit faire une sorte de. Bah. À la ligne. » Ce bref livre au « registre lacunaire », « prélude et fugue », par son formalisme magnifique et assumé, fait découvrir, dans le scintillement des énoncés, de belles pépites, qui apparaissent d’un éclair, par le passage à la ligne (barres obliques) – et une réflexion en creux sur l’intertextualité, la lecture et l’écriture, la prose et le vers…