par Alexis Pelletier
La poésie d’André Ughetto inscrit au fil des recueils une parole qui s’organise autour des figures du mouvement, des couleurs et du passage. Ces trois notions semblent toutes à l’œuvre dans les 3 parties d’Édifices des nuages : « Feux de détresse », « L’Art traverse » et « Flammes et phrases ». C’est sans doute dans cette dernière partie que l’originalité du recueil transparaît le plus puisqu’elle répond au projet d’écrire des poèmes en regard des pavillons qui structurent le code maritime. Cela donne un objet poétique instable – en mouvement donc – qui se lit comme écho du titre également marin de la première partie et du projet de la seconde partie qui est une sorte d’hommage aux arts (plastiques essentiellement). La partie « Feux de détresse » si elle aborde les angoisses et terreurs du monde contemporain ne le fait jamais avec pathos, mais dans la recherche d’un lyrisme qui s’en tient à ce qu’on pourrait nommer un constat d’humilité, comme à la fin du poème « Éloge » (loin de Saint-John Perse ?) : « amours imprévisibles, / catastrophes miracles / aux mêmes bords liés » (p. 73). Le poète fait tenir le monde qui est le sien dans ses poèmes. L’art y est prépondérant, le poème d’y magnifier « L’émotion par la vue » (« À Leonard Sussman », in « L’Art traverse » p. 211).