Françoise Louise Demorgny : Rouilles

 
par Ludovic Degroote

Sous une élégante couverture rouge qui tire à la rouille – quelle est au fond la vraie couleur de la rouille ? –, ce récit de Françoise Louise Demorgny évoque à travers trois figures centrales de femmes – grand-mère, mère et la fille, narratrice également – l’évolution de temps modifiés ou disparus et les personnages qui y étaient emmêlés. Il ne s’agit pas de nostalgie, mais de rendre hommage à ces personnes et aux univers ardennais dans lesquels ils demeurent inscrits, vie aux champs ou fonderies. Souvenirs et cimetières s’articulent autour de la rouille, d’objets dont elle fait qu’ils deviennent porteurs de mémoire, qu’il s’agisse symboliquement d’une tête de bergère pour les volets, ou des clous que fabriquait la mère. « Rien n’a plus d’avenir que la rouille » écrit l’auteur à mi-chemin de ce texte ponctué de vers et dont le lyrisme retenu est porteur d’une sensibilité forte. Trace des passés, la rouille devient une chose vivante qui relie les générations et se retrouve dans la narratrice, « louise gigogne qui contient toutes ses louises depuis l’enfance ». Dans ce récit qui abolit les frontières, on croise aussi Arthur Rimbaud, figure d’une promesse, celle d’une liberté aussi chaleureuse que les nuances évoquées par le pluriel du titre.




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Isabelle Sauvage
96 p., 15,00 €
couverture