Dire la poésie ?

 
par Nicolas Tardy

Que retenir de l’ensemble de ces interventions1, issues d’un colloque (en 2013 à Saint-Étienne) au sujet de l’oralisation de la poésie – et plus spécifiquement d’une poésie qui n’est pas uniquement pour l’oral ?
Que si les expériences radiophoniques d’enregistrements de poèmes – essentiellement par des comédiens – dans les années 1950 et précédentes ont contribué au développement et à la réflexion sur la création radiophonique, son retour d’influence sur la poésie de cette époque semble quasi inexistante. Tandis que dans les années 1970, une émission comme Poésie ininterrompue de Claude Royet-Journoud fait passer une parole souvent intimiste (captée en studio) vers un autre espace intimiste (le foyer de l’auditeur), inventant un autre rapport d’écoute, transférant l’espace du livre vers la durée de l’écoute, chez des poètes pour qui la dimension orale ne primait pas.
Que l’attitude corporelle n’est pas neutre dans la réception par le public de la lecture. Que l’auteur – contrairement à la plupart des comédiens – s’effacera pour laisser place à son texte.
Que l’oralisation publique peut aller plus loin qu’un simple exercice promotionnel, et devenir un moment de travail de l’écriture à travers sa reformulation – et ce de manière encore plus accrue lorsqu’il s’agit de la lecture d’un texte en cours. Que le poète américain semble plus enclin à établir une connexion avec son public par des propos précédant sa lecture, que son homologue français.
Que les auteurs rangés dans la catégorie – certes assez floue – de post-poésie ont leur pratique de lectures publiques nourries par un désir d’aller vers une zone frontière (dans ses moyens, dans ses lieux de diffusion) avec d’autres formes artistiques (théâtre, musique, arts plastiques).
Que l’influence de la poésie sonore sur la lecture publique en général aurait pu être un point à développer dans ce très riche ensemble (les influences se métissant et les pratiques se côtoyant lors de festivals et autres manifestations).




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Sous la direction de Jean-François Puff
Éditions Nouvelles Cécile Defaut
392 p., 24,00 €
couverture

1. Au sommaire : Arnaud Bernadet, Elisa Bricco, Vincent Broqua, Olivier Gallet, Jean-Marie Gleize, Maud Gouttefangeas, Abigail Lang, Michel Murat, Carrie Noland, Céline Pardo, Jean-François Puff, Thierry Roger, Jacques Roubaud, Anne-Christine Royère et Éric Suchère.