Anna Trespeuch-Berthelot : L’Internationale situationniste, de l’histoire au mythe (1948-2013) / Les situationnistes en ville










1. Internationale situationniste : voir la revue éponyme, Internationale situationniste, Librairie Arthème Fayard, 1997.

2. La Société du spectacle, Guy Debord, Gallimard, 1992.

3. Voir notamment l’excellente biographie : Guy Debord, Anselm Jappe, Via Valeriano, 1995 ; L’avant-garde inacceptable, réflexions sur Guy Debord, « Lignes », Léo Scheer, 2004.

4. Traité de savoir-vivre à l’usage des jeunes générations, Raoul Vaneigem, Gallimard, 1967.

5. Les situationnistes et Mai 68, théorie et pratique de la révolution (1966-1972), Pascal Dumontier, Ivrea, 1995.

par Patrice Corbin

La critique de et autour de l’IS1 est inépuisable et c’est tant mieux. Fallait-il attendre les deux ouvrages que nous présentons ici ? Ils ont tout simplement le mérite d’exister en ces temps où la pensée critique et subversive fréquente plutôt l’abîme que les sommets. Deux ouvrages donc, l’un fruit d’un travail remarquable mené par l’historienne Anna Trespeuch-Berthelot, le second, sous la direction de Thierry Paquot, pour une incursion dans la pratique situationniste. Concernant le premier ouvrage consacré à la dernière avant-garde du siècle dernier, employons les termes de scientifique là où est analysé le processus interne et organique de cette internationale de la subversion totale, du refus systématique de tout ce qui conduit à la servitude sous le règne de la société du spectacle2. Comprendre l’IS dans sa pratique, c’est d’une part se cultiver en étudiant les textes de Debord3, naturellement, mais aussi ceux de Vaneigem4 quant à son Traité… C’est se reconnaître dans une dynamique émancipatrice où la révolution se fait au service de la poésie de l’instant historicisée par la construction de situations. C’est passionner la vie autour des individus armés pour le temps infini d’un renouveau du quotidien sans médiation aucune d’objets inutiles, c’est inventer le jeu d’une guerre impitoyable contre la société spectaculaire marchande. Le second ouvrage est une étude propre à définir la stratégie de la pratique situationniste. Ainsi à considérer la « psychogéographie », nous sommes dans une formulation d’une pratique de la ville où la ludicité est mise au service d’une architecture nouvelle, organisant la « dérive » où l’instant prime et se traduit comme moment dans le dédale labyrinthique toujours renouvelé, incessamment mobile et fixe. Les situationnistes dès 1957, date de création de l’internationale, n’auront de cesse de produire les conditions d’un « urbanisme unitaire ». C’est par la subversion des conditions d’existence sur le champ du réel que se formule le monde « des véritables divisions historiques »5.




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Anna Trespeuch-Berthelot
L’Internationale situationniste, de l’histoire au mythe (1948-2013)
Presses Universitaires de France
568 p., 29,00 €
couverture
Les situationnistes en ville
Sous la direction de Thierry Paquot
Infolio
« Archigraphypoche »
160 p., 14,90 €
couverture