par Tristan Hordé
Luc Bénazet et Benoît Casas continuent le chantier commencé avec Envoi (2012), celui d’une conversation par échange de courriels ; 25 envois simultanés ont eu lieu du 27 novembre 2011 au 29 mai 2012 comme cela est précisé à la fin du livre. La disposition des textes est figurée par un croquis : l’ordre des 2 contributions de la page paire est inversé sur la page impaire. L’un (Casas) privilégie les faits de la vie (« je n’aime pas le fictif »), observant par exemple un « renard qui détale à travers champs », les formes animales, le ciel, la nuit, etc., ou évoquant un voyage à Lisbonne ; la vie, ce sont aussi les lectures, les spectacles de danse, mais aussi les derniers jours de sa mère. Il note que « La politique est absente de ces pages. pourtant : nous y pensons chaque jour (je t’associe à cette affirmation. partenaire et lecteur). » À quoi répond Bénazet, « Comment atteindre à la formule politique qu’il nous reviendrait d’écrire ? » Lui est, dans ces échanges, sans cesse à (se) questionner sur la phrase, les noms, l’état de langue, l’usage de la langue – « un idiome singulier est à répéter, différent, chez chacun » –, et quand il met de côté sa réflexion (qui est l’objet principal de ses livres), l’intime apparaît. C’est alors la mention de l’achat d’un cerisier fleur, d’une rose, de la fin d’une histoire d’amour, de l’écoute de la musique, de la pratique de la photographie. Ce mouvement de l’un à l’autre, Bénazet le nomme justement conjonction, c’est-à-dire « ici : un nom de l’amitié, de l’amitié en écriture ». Une aventure à poursuivre.