Espaces de savoirs

 
par Jean-Jacques Bretou

Ce livre-objet très manipulable est composé de six cahiers serrés entre deux cartons gris épais, fixés par deux caoutchoucs noirs. Il a reçu pour sa conception originale l’un des grands prix « Grafika » de design du Québec. Le premier fascicule présente l’ensemble du projet Espaces de savoir et donne une biographie des six contributeurs. Les autres volumes sont consacrés au travail de chacun. La présentation de Suzanne Leblanc, professeur à l’École des arts visuels de l’Université de Laval (Québec) et responsable de l’équipe de recherche-création sur les stratégies artistiques de spatialisation du savoir est très précise. Il suffit de lire : « ces dispositifs et environnements pointent en direction d’une culture de l’intelligence, capable de générer un continuum entre les situations et le savoir… », et de conserver en mémoire « continuum entre les situations et le savoir » tout en parcourant les autres livres pour saisir immédiatement l’esprit de l’ensemble. Qu’il s’agisse de littérature, d’arts visuels, de design, de sciences de l’information, de sciences cognitives, d’architecture ou de sociologie des sciences.
On pourrait ajouter, ce qui donne une idée de la richesse de l’ensemble, qu’il a fallu aux intervenants, cinq universitaires et une écrivain, trois ans pour présenter leurs projets. Il est difficile de décrire chacun d’eux ici. On peut cependant retenir pour leur ampleur, les trois suivants : Bibliothèque pour environnement extrême, sous-titré prolégomènes à une expérience de pensée de S. Leblanc qui est particulièrement abouti et dont on notera parmi ses choix d’auteurs les grands phénoménologues non loin des pragmatiques ou, dans « jeux de langages », Wittgenstein. Necropolis sous-titrée La Mort de la Stilla d’Olivier Asselin, qui enseigne les arts médiatiques, et nous présente un jeu-vidéo en réalité augmentée, inspirée du Château des Carpathes de Jules Verne. Il semblerait cependant qu’il y ait un problème pour se connecter au site permettant cette réalité augmentée. Très passionnant enfin est le travail de Céline Poisson sur Arisbe, la maison du philosophe américain Charles S. Peirce ; il faut remercier au passage Jessica Charbonneau pour ses magnifiques photographies dont la dernière nous montre le verger de Northern Spies que possédait Peirce.
L’ensemble est passionnant et l’on sent parfois passer une très subtile pointe d’humour.




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Textes de Olivier Asselin, Suzanne Leblanc, Chantal Neveu, Céline Poisson, Jocelyn Robert, Éric Simon
Presses de l’université Laval
« Phosphore »
192 p., 24,95 $
couverture