par Bertrand Verdier
Il n’est en l’espèce pas anodin que l’expression « petit véhicule », nom de la maison d’édition de Chiendents, traduise l’expression sanskrite Hīnayāna, qui désigne les écoles anciennes du bouddhisme. Il n’est plus anodin que la présentation, sur leur site internet, de leurs Cahiers des Poètes de l’École de Rochefort tresse les lauriers d’« un certain lyrisme tant bafoué par le [sic] culture poétique dite contemporaine ».
Logiquement donc ce numéro enquille les « authenticité » (p. 32), « de la douleur » (p. 6), « sincère » (p. 23), « attendrissant » (p. 27) comme autant de critères évidents de littérarité. Ils trament les pastiches actuels de cette « la langue pourrie » (p. 23) que ce numéro propose (p. 28-43), y ralliant une prosodie sans faille – bien qu’il soit souligné (p. 25) que Jehan-Rictus s’en contretorchât. Il n’étonne ainsi pas que ces pastiches, signés de Maëlle Levacher et d’étudiants, dégorgent une surabondance de points d’exclamation et d’apostrophes, signalant à l’œil l’émotion obligatoire, les aphérèses, apocopes et aut’s élisio’ !!!
Il eût sans doute mieux valu, de la citation de Jehan-Rictus pourtant p. 8 : « saillies inattendues et qui ont l’air spontanées et saugrenues »1, ne pas méconnaître l’« ont l’air », ses présupposés et implications, pris en revanche en compte par le rappeur Vîrus dans son récent album, adaptation libre de Les Soliloques du Pauvre.
1. Cf. par exemple aussi le poème « L’Hiver », du recueil Les Soliloques du Pauvre, texte absent de ce numéro, qui ne manque pas d’auto-dérision :
« C’ qui va s’en évader des larmes !
C’ qui va en couler d’ la piquié !
Plaind’ les Pauvr’s c’est comm’ vendr’ ses charmes
C’est un vrai commerce, un méquier ! »