par Alexandra Seha
Boris Wolowiec nous propose un poème lancinant d’une fenêtre analytique et analysée. Après Chaise, Table, Papier paru en juin 2016, l’auteur s’attaque à la Fenêtre. Le poème s’ouvre sur plusieurs petits encadrements eux-mêmes encadrés de « la fenêtre » car il ne s’agit pas des fenêtres mais bien de « la » fenêtre, la seule et unique fenêtre que nous avons tous en tête lorsque nous pensons à « la » fenêtre. Je pense aux « Fenêtres » de Baudelaire, mais elles ne sont pas « la fenêtre ». Ma fenêtre à moi, c’est celle qui donne sur le jardin de mes parents en été lorsqu’il est rempli de verdure. Je contemple tout et rien, le vide que fait mon esprit lorsque je regarde. Boris Wolowiec implique le vide essentiellement dans son poèe. La fenêtre implique le vide comme celui qui se trouve entre deux fenêtres dans une page. Il analyse la fenêtre comme un lien entre la vie, la vue, le vide, le tout et le plein. La fenêtre ponctue les vers, entame les vers, commence l’œuvre, clôt le poèe. Elle est partout, donne une vision du tout, par tous. Peut-être trop de tout. Elle sature les pages, elle sature le vide. Omniprésente presque omnisciente. Elle sait tout, voit tout, donne tout, trop. La fenêtre est le lieu des échanges, d’une ouverture. Symbole d’un passage du monde réel au monde imaginaire, du monde de l’auteur à notre monde, elle encadre absolument tout et le poèe ne respire sans doute plus. Elle est ouverte ou fermée, mais ni la brise ni le courant d’air ne peuvent circuler et le vide tant amené par l’auteur ne trouve plus de place tant la fenêtre prend et condamne l’espace de la page. L’œuvre de Boris Wolowiec s’apprécie comme une longue liste. La fenêtre est toujours différente mais incessamment reliée à ce qu’elle a été, est et sera. Parce que la fenêtre est tout, elle revêt plusieurs aspects. Fenêtre sur la vie, nous naissons d’une fenêtre velue et ouverte. Nous finirons dans une fenêtre aux volets fermés et terreux. Nous ouvrons un livre comme nous ouvrons une fenêtre, nous fermons le même livre comme une fenêtre. Le loquet change, mais la fenêtre reste sensiblement identique : une frontière entre deux mondes. L’auteur nous expose la frontière d’une fenêtre, à franchir ou non. Pour autant, la frontière est parfois difficile à franchir pour des lecteurs non préparés.
La fenêtre n’aère pas. Ses carreaux sont opaques, son loquet est dur à ouvrir, les volets ne seraient-ils pas entr’ouverts ?
104 p., 16,00 €