Nathalie Quintane : Que faire des classes moyennes ?

 
par Patrice Corbin

Dans la question, titre du dernier livre de Nathalie Quintane Que faire des classes moyennes ?, s’invite une autre question : de quoi les classes moyennes sont-elles le nom ? Cette formulation ne cède en rien à une rhétorique quelque peu galvaudée, mais sous-tend l’interrogation, qu’est-ce cela dont je cherche le sens ? Notre auteur enquête, convoque une séquence historique close, interroge l’invisibilité d’une classe ouvrière reléguée à la table des matières d’un traité de sociologie. À croire que cette classe ouvrière serait devenue une excroissance d’un hors monde, une marge que l’on côtoie en mémoire, une nostalgie dans le cimetière du temps. Nathalie Quintane nous parle de notre monde, celui de l’armoire à glace, du miroir qui ne reflète rien d’autre qu’un visage en masques interchangeables, forme de l’uniformisation marchande. Quoi me subjectivise ? L’auteur tourne sans fin dans le In girum…1 de Debord : « ce sont des salariés pauvres qui se croient des propriétaires, des ignorants mystifiés… » « Et si les classes moyennes étaient le véritable ennemi de la démocratie ? » Inversement, ne faut-il pas interroger cette démocratie qui s’accommode fort bien du règne de la marchandise ?




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P.O.L
112 p., 9,00 €
couverture

1. In girum imus nocte et consumimur igni, Guy Debord, édition critique augmentée de notes diverses de l’auteur, suivi de Ordures et décombres, Gallimard, réédité en 1999.